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Merci Toto, merci Menelas !

Depuis Campo Ligure où nous avons fait étape hier soir après une rude journée (dont 4 heures de perdues du fait d’une erreur d’orientation), voici le deuxième épisode des reflexions proposées par Miguel (serie spéciale « les ânes dans la Bible »). Et il est juste de les remercier après leur comportement exemplaire encore hier dans la via madelena où ils ont traversé un torrent à gué dans des conditions très sportives…Et dans le registre hébergement, nous sommes également bien reconnaissants aux bénévoles de la Croix Rouge italienne de Campo Ligure qui nous ont accueilli et ont été aux petits soins pour nous et nos compagnons aux grandes oreilles.

« Le petit âne que je vous présente aujourd’hui est sans doute le plus fameux de la Bible. Les aînés parmi vous le connaissent déjà. Ils ne savent pas son nom parce que personne ne le connaît : on ne retient pas le nom des ânes, sauf quand on a marché plusieurs mois avec eux et qu’ils sont devenus des amis. Tous les ans, à la fête des Rameaux, une semaine avant Pâques, nous regardons Jésus entrer dans Jérusalem, acclamé par la foule, et l’on se demande : « Pourquoi donc le Roi des rois est-il monté sur le dos d’un ânon ? » Lisez l’évangile de Marc, au début du chapitre 11. Étonnez-vous : tiens ! On peut emprunter comme ça l’âne d’un voisin ? Remerciez les gens du village : ils ont deviné que Jésus allait faire quelque chose de grand et ils n’ont pas voulu le contrarier. Regardez les disciples qui déposent leurs manteaux sur le dos de l’ânon ; monter « à cru », directement sur le dos, c’est amusant mais ce n’est pas assez majestueux. Regardez la foule qui jette des manteaux et des feuillages sur la route ; la monture d’un roi, il ne faut pas qu’elle se salisse les pieds ! Enfin, imaginez le petit âne docile qui porte Jésus sur son dos. Regardez-le marcher, humblement, sans histoire. Puis penchez-vous à l’oreille de Ménélas, à l’oreille de Toto, et à chacun vous dites ceci : « Merci ! Tu nous rends bien service, on ne t’oubliera pas ! »
Reste la question : Pourquoi Jésus a-t-il fait à dos d’âne son entrée triomphale à Jérusalem ? Réponse : bravo à celui qui trouvera dans la Bible le livre de Zacharie, et au chapitre 9 un texte prophétique : « Voici que ton roi vient à toi, il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. » La plus belle qualité d’un grand roi, c’est son humilité. Zacharie annonçait la venue d’un roi-Messie, celui qui est « consacré » par Dieu, le seul vrai Roi ; or il se fait tout modeste, pour mieux nous rejoindre et marcher avec nous. Un âne, c’est parfait : il chemine avec nous, tranquillement, et il donne le temps de vivre humblement. Avec ça, qu’est-ce qu’on grandit ! Merci Toto, et merci Ménélas !
Miguel »

 

Un ami biblique pour Menelas et Toto

Cet article à été écrit par un ami prêtre à l’attention des enfants…et des parents. Merci à lui de nous avoir nourri de cette réflexion biblique et de nous permettre de vous la faire partager ! (D’autres épisodes sont attendus avec impatience 🙂

« J’ai promis d’envoyer à votre rencontre quelques ânes bibliques. Le premier que je choisis n’est pas le plus connu, mais c’est le plus intelligent. D’ailleurs, ce n’est pas exactement un âne, mais une ânesse. Ménélas et Toto sont des ânes, mais ils sont intelligents aussi.
Celui dont je vous parle n’a pas de nom. Mais on connaît son propriétaire : il s’appelait Balaam. On fait sa connaissance dans le Livre des Nombres, au chapitre 22. Balaam était une espèce de prophète païen. Il impressionnait les gens par la puissance de sa prière. Un jour, un roi lui dit : « Va voir le peuple d’Israël, et prononce sur lui une malédiction ! » Ce roi espérait que, par la puissance de sa prière, Balaam aurait fait partir le peuple d’Israël. Alors Balaam s’est mis en route. Il « montait son ânesse, et ses deux garçons l’accompagnaient ». Or Dieu ne voulait pas que Balaam dise du mal au peuple d’Israël. Comment lui faire comprendre qu’il ne doit pas aller plus loin ? Dieu eut une idée : il fit peur à l’ânesse de Balaam en mettant un ange sur son chemin. Et voilà que l’ânesse rase les murs, et qu’elle traîne les pieds. Balaam lui donne des coups de bâton, mais rien à faire : elle finit même par se coucher par terre pour ne plus avancer. Pourtant, n’est-elle pas gentille et docile, d’habitude ? N’a-t-elle pas servi son maître depuis des années, sans rechigner au travail ? Que lui arrive-t-il aujourd’hui ? Et Balaam comprend… Il comprend que Dieu lui fait signe par l’intermédiaire de son ânesse. Non, il n’ira pas plus loin, il n’ira pas dire du mal au peuple d’Israël. Merci, l’ânesse de Balaam !
Dites-donc, petits amis, est-ce que Ménélas et Toto sont toujours dociles ? N’ont-t-il pas, ici ou là, des moments de mauvais humeur, à se faire « têtu comme une mule » ? Si c’est le cas, réfléchissez : peut-être est-ce un ange qui leur souffle quelque chose à l’oreille, du genre : « Vous avez suffisamment marché aujourd’hui », ou : « L’un de vous n’a-t-il pas oublié son chapeau ? », ou : « Vous ne croyez pas que c’est l’heure du déjeuner ? »
La prochaine fois, je vous raconterai l’âne « le plus connu de la bible ». Celui-là ne sera pas une ânesse, mais un ânon. Vous devinez ? Vous l’avez reconnu ? À bientôt.
Miguel »

Avanti !

Et bien nous y voilà déjà : cela fait une semaine que nous avons franchi la frontière (et notre dernier col en France – le col de Larche ou de la Madeleine – 1934m).

Nous n’avons cessés d’être soutenus et accompagnés par de belles rencontres qui nous ont véritablement permis d’avancer, en particulier lorsque les conditions se faisaient trop difficiles ou que notre troupe fatiguait. Parmi ceux-là, nous aimerions citer Raymonde et Serge à Pra Soubeiran, avec Marie-France, Sr Bernadette et Michèle, ainsi que Pierre-Louis qui nous ont entourés de leur présence et de leurs délicates attentions depuis Barcelonnette jusque bien au-delà de la frontière.

Lors de notre descente humide et froide vers l’Italie, nous avons trouvé refuge dans quelques havres de repos à Argentera et Sambuco notamment, grâce à Don Paolino et Don Roberto, ainsi que la famille Bruna.

Les ânes ont été braves dans la tempête, mais il nous a fallu une nouvelle fois faire appel à un chausseur spécialisé en arrivant à Borgo : grâce à Bartolomeo, nous avons rencontré les Manzo, maniscalci de père en fils et aux goûts sûrs. Désormais nos compagnons sont chaussés d’escarpins de première catégorie dont nous espérons qu’ils nous permettront un mois de marche sans déchausse;-)

Après un passage par la paroisse de Borgo, la cascina Giobbi (famille Bottasso) à Beinette et la communauté Piccola Betania (Vicoforte) nous commençons à reprendre des forces et prenons la route demain en direction de l’Alta Via, fameux chemin de randonnée que nous devrions rejoindre d’ici une semaine.

Le pied d’Ingrid s’est bien remis et tout le monde est en bonne santé – malgrè quelques bosses et bobos ici et là. Le moral est excellent et nous avons même réussi à faire deux veillées pour le plus grand bonheur des enfants que nous n’arrivons toujours pas à coucher avant pas d’heure. La fraternité prend quelques coups au passage, mais en ressort tout de même bien vivante et vraie.

Et enfin, quelques photos additionnelles sont à consulter ici

Un abraccio a voi di tutti la famiglia Biaggi !

 

 

Passages de Col

De Villes-sur-Auzon à Sault : Col de ND des Abeilles (995m)

De Ferrassières à Sederon : Col de Seuil (1253m)

D’Eourres à Ribiers : Col St Pierre (1288m)

De Bayons à Selonnet : Crête des Mélèzes (1622m)

De Seyne à St Barthelemy : Col de Bernardez (2304m)

Depuis Avignon, nous avons eu finalement assez peu de temps pour écrire le récit de nos journées.

En repensant à ces 3 dernières semaines, nous avons cependant remarqué que notre chemin avait progressivement pris de l’altitude, avec des paysages de plus en plus impressionnants.

Notre premier col a été franchi sur une départementale très rude et longue à franchir. Moi Léopold j’ai notamment été marqué par une plaque commémorative dédiée à des fusillés au Col des Abeilles pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nous avons franchi notre deuxième col par des chemins de traverse et grâce à l’aide de Joël, un fermier rencontré providentiellement. Moi Ferdinand, j’ai été particulièrement marqué par la beauté des champs de lavandes et par la descente dans un vallon verdoyant et très raide avant d’arriver à Sédéron.

Notre troisième col nous a fait expérimenter la pluie, torrentielle, pendant trois heures de descente. Malgrè quelques échanges difficiles en famille dans l’adversité, nous sommes bien contents que tous nous soyons bien sortis de cette épreuve. Dans le déluge, nous avons aussi pu observer une énorme salamandre, parait-il très rare.

Notre quatrième col, c’est l’histoire d’une erreur d’orientation liée à un (très) mauvais conseil reçu qui nous a forcé à bivouaquer en pleine montagne. Nous avons cependant bien apprécié de pouvoir nous baigner dans le petit torrent avoisinant et de dormir à la belle étoile. Le lendemain, nous avons passé la journée à contourner l’obstacle et avons pu admirer une vue fantastique depuis la crête des Mélèzes.

Notre cinquième col à ce jour a été franchi après 900 m de dénivelé positif, nous avons rencontré la neige et après quelques glissades et batailles de boule de neige, nous avons rejoint pour la nuit un refuge de berger quelques minutes avant qu’un orage n’éclate. Nos ânes ont été fantastiques et courageux malgré des chemins qui ont mis les sacoches à rude épreuve.

Nous passerons bientôt le col de Larche, qui nous mènera à la frontière de l’Italie !

Quelques nouvelles (au 5 juin)

IMG_5347 (800x600)Voilà déjà bientôt 17 jours que nous avons pris la route et le temps semble passer trop vite – malgrè le pas lent de l’âne. Cela nous éloigne d’autant de l’internet qui requiert une bande passante dont nous ne disposons pas.

Car il nous faut reconnaitre que c’est assez rude de se mettre en route, avec tous nos repères qui changent – en dépit des entrainements et de tout ce que l’on a pu anticiper ou organiser. Vivre à 8 sur 4 sacoches qui nous paraissent parfois encore trop lourdes et trop encombrées.

On a déjà parcouru près de 150 kilomètres et notre moyenne connait des hauts et des très bas : mais peut importe finalement, ce qui compte c’est la façon dont nous avançons. Et ces premiers jours ont été richissimes d’accueils incroyables (Julie & Guillaume, Alex et Maud, Guy et Brigitte, le P Etienne, la communauté ND de Bon Secours à Blauvac, Philippe et Elisabeth, Marie Liesse et Gregoire, Solange, Nelly, Violaine et Gregory, Manu, Olivier et Chantal, la communauté St Jean des Jaumes, Ludovic et Christelle…) et de coups de main providentiels (par exemple celui de Katia sur la D1, d’Emmanuella à la Loubatière, d’Alexandre et de Christian les maréchal ferrant ou de Joel au col du seuil, d’Alexandre & Catherine, de Michèle à Clamensane et tant d’autres rencontrés à la croisée des chemins…). Nous avons été aussi très entourés de marcheurs compagnons (Patrick, Ghislaine, Philippe, Julie, Guillaume, Antoine et Baptiste, Nathalie, Lorraine, Raphaelle, Marie Liesse, Roch et Thibaud, Jiah, Giovanne…). Et soutenus par de nombreux messages ou sms, sans oublier ceux qui pensent et qui prient pour nous.

Malgrè quelques grosses fatigues et des petits bobos, nous recevons donc indéniablement la force et l’envie qui nous sont nécessaires pour continuer la route. Et cela aussi passe par toutes les bonnes âmes que nous trouvons toujours sur notre chemin. Sans oublier les 4 ou 5 jours de repos que nous avons pris entre Ribiers et Clamensane:-)

Tout notre équipage est à peu près en forme : seuls les pieds d’Ingrid (qui a reçu un mauvais choc sur l’ongle) et de Menelas et Toto (qui ont chacun perdu un ou des fers) nous ont demandé une attention particulière ces derniers jours. Les enfants nous étonnent par l’énergie débordante qu’ils ont toujours, même par exemple après qu’il nous soit arrivé d’oublier un repas faute d’approvisionnement ou que l’on ait marché plus de 3 heures sous une pluie diluvienne….Et Zélie remporte sans conteste la palme de la quiétude paisible : elle a une mine éclatante qui nous rassure sur les conséquences de notre aventure sur sa santé.

Ceci dit, le rythme général de notre marche reste encore à trouver : nous démarrons encore trop tard dans la journée et finissons donc souvent trop tard. Mais on est plein d’espérance pour la suite 😉

Sur ce, un portfolio photo est désormais consultable ici  pour partager avec vous quelques images

Ranger pour se laisser déplacer

Nous avons fait une drôle d’expérience ces dernières semaines : le rangement aussi, ça peut conduire plus loin !

Pas vraiment adeptes d’un ordre absolutiste, nous avons même plutôt, comme beaucoup d’ailleurs, une certaine aversion pour les formalités administratives ou les tâches ménagères – en particulier celles qui demandent d’être rigoureux dans les classements.ranger2

A quelque temps de débuter notre marche familiale (dont le départ est fixé au 20 mai), nous nous étions fixés quelques objectifs simples : oublier un peu la logistique du voyage, nous recentrer sur les objectifs (notamment spirituels) et faire du tri.

Argh, du tri…. !! Même si l’idée nous plaisait en théorie, la mise en œuvre a vite généré de vieux réflexes ou atavismes de résistance: il y a toujours mieux à faire que ranger des vieilles affaires !

Après de nombreuses heures à lutter contre les tentations de dispersion, nous sommes finalement arrivés en presque 3 jours à ranger un placard (oui, un seul placard !) qui était rempli de paperasses de toutes sortes, accumulées depuis quelques années – soit 5 sac poubelles évacués et de bonnes crampes en prime…un constat évident s’est pourtant imposé : on se sent vraiment beaucoup mieux après !ranger3

De quel poids invisible nous sommes-donc ainsi débarrassé en faisant tous ces rangements ?

Outre la satisfaction du devoir accompli, il semble à la relecture qu’un vrai souffle nous a renouvelé dans cette expérience dont on peut déjà voir quelques fruits bien goûteux à savourer pour le reste de notre vie :

  • le désencombrement est un pré-requis à la marche au long cours mais aussi à la prise de décision : difficile de voir la lumière si l’on laisse le brouillard s’étendre
  • faire du tri pour s’y retrouver et se retrouver entre ce qui est essentiel, nécessaire et superflu  : conserver quoi et dans quel but?
  • l’ordre peut être une contrainte choisie, un cadre libérateur dans le désordre du naturel-qui revient-au- galop : qu’est ce qui compte vraiment pour moi, pour nous?

Cela fait de l’écho à cette amie qui nous dit faire cet exercice de tri et de rangement chaque année, comme si elle se préparait à déménager – à changer de vie. Pour ne pas s’endormir dans une routine anesthésiante – et probablement aussi pour revisiter et relire sa vie, régulièrement .

« Ranger » pourrait donc bien signifier « relire, réajuster sa vie ».

Comme une invitation à se laisser librement renouveler, à accueillir de nouvelles possibilités

 

 

Cet air qui trotte dans la tête

Un pas de plus_MorandeauEt voilà comment, au grè des amitiés et des échanges, on en est venu à découvrir une chanson dont les paroles font écho à notre projet – sur une mélodie qui met en route !

″Choisir de faire un pas de plus
Rythmer sa vie de temps en temps
Choisir d’aimer de plus en plus
Donner sa vie tout simplement

Merci à Christophe Morandeau qui en est l’auteur (et à Joseph & Amandine D. qui nous l’ont fait découvrir) !

On peut l’écouter ici :

Entrainement n°2: un pas de plus vers l’autonomie

Sur une excellente suggestion de Jean-François (cf les ânes du gîte), nous avions prévu 5 jours, du 11 au 16 avril, sur le chemin de Compostelle en Haut Quercy, afin de tester le matériel, le camping et aussi mieux faire connaissance avec Ménélas et Toto en conditions « réelles ».

Le parcours Aubazine –Rocamadour nous parait opportun, tant pour sa relative proximité de Vérnéjoux (lieu où sont hébergés nos ânes) que pour la beauté architecturale de ces hauts lieux spirituels. Venir et prier à Rocamadour, qui attire tant de pélerins depuis tant de siècles , devint rapidement pour nous un bel objectif de semaine sainte. Monter vers Pâques, au sens propre et figuré !

Ce sera aussi une semaine d’apprentissage de l’autonomie, c’est à dire apprendre à « se reconnaitre fragile et savoir à qui et quand demander de l’aide« …

 

Samedi 11 avril – l’épopée sauvage

Après un trajet Palaiseau-Roanne pour aller prendre possession de Titine, notre fourgon bétaillère dédié au transport des ânes (merci Plein Air Autos !), nous arrivons à Vernéjoux en fin d’après-midi et organisons notre premier campement. Grande inauguration des tentes, des sacs de couchage, du réchaud, …et du camping en famille !

Nos hôtes, Jean-François et Armelle, accompagnent nos retrouvailles avec Ménélas et Toto, et nous soutiennent pour l’essai des bâts, quelques réglages sommaires de sacoches et surtout – l’apprentissage du chargement en fourgon.

 Dimanche 12 avril / Aubazines – Puy la Mouche (9 km)

Après une nuit bien fraîche (un euphémisme) et un lever aux aurores, nous levons rapidement le camp de Vernejoux et chargeons tout le monde, y compris nos 2 compagnons à 4 pattes, dans nos 2 véhicules : direction Aubazine pour la messe des Rameaux.

Une fois achevée la célébration, nous débarquons nos ânes dans un jardin public où nous organisons un rapide pique-nique avant de nous lancer dans la constitution des sacoches…Premier et difficile exercice de constitutions des bâts : il faut choisir (et donc renoncer 😉 entre l’essentiel et le superflu, équilibrer les charges, ne rien oublier….Ce soir nous n’avons pas de couchage prévu car des contacts pris en anticipation ne s’étaient pas révélés fructueux : nous nous sommes donc préparés à une perspective de camping sauvage.

Alors que le soleil est déjà assez haut, nous réalisons que nous avons oublié le topoguide : où aller et comment s’y rendre ?

L’épicier que nous avons sollicité ne dispose pas de cartes mais nous envoie vers Sœur Christophora, du monastère grec-catholique voisin, connue pour aider ceux qui en ont besoin…Solide irlandaise au regard ouvert et clair, cette dernière interrompt son repas pour explorer ses réserves, dont elle revient avec une vieille carte au 25:000 qu’elle prend le temps d’explorer avec nous pour suggérer des orientations : victoire, nous pouvons nous mettre en marche avec une route à explorer !

Après quelques heures de marche, nous dépassons Lanteuil pour achever une montée qui ne sera donc plus à faire le lendemain 😉

Nous croisons la route de personnes qui font mine de nous proposer un champ où poser notre camp – mais devant l’absence de suite concrète, nous décidons de poursuivre encore quelques centaines de mètre plus loin pour atteindre le hameau de Puy La Mouche : nous sonnons à la première porte, maison de Jean et Danièle B., qui s’ouvre largement et chaleureusement – ces jeunes retraités nous offrent leur jardin et l’usage de leur salle de bain…et d’utiles photocopies du topo que nous avions oublié.

Nos ânes vont là expérimenter leur première attache de nuit, le long d’une corde à laquelle leur longe est fixée par un mousqueton, ce qui leur permet une relative circulation.

Après une cuisine sommaire, tout le monde est heureux de retrouver son sac de couchage alors que le soleil s’est déjà couché dans une symphonie éclatante de couleurs.

Lundi 13 avril / Puy la Mouche – Saillac (12 km)

Une bonne partie de la matinée est consacrée à plier le camp et rebater les ânes : nous partons enfin vers 11h (donc bien tard) pour une jolie ballade sur un plateau. Des passants nous interpellent et demandent même à nous prendre en photo : l’équipage ne laisse pas indifférent, mais les ânes, les parents et leurs enfants poursuivent leur chemin paisiblement. Si nous répondons volontiers aux saluts et questions, nous évitons de nous laisser réduire à des objets de curiosité.

Nous trouvons un bois en bordure de route à proximité de la croix de stolan, et après une bonne pause,nous repartons pour descendre vers Collonges-la-rouge, une magnifique petite cité médiévale pour une petite pause goûter.

Comme le jour avance, nous progressons sans trop tarder vers Saillac, et terminons notre journée en confiant nos hôtes à venir : qui nous accueillera ce soir ?

En entrant dans Saillac, nous croisons Lisa et Gwendoline, deux jeunes filles qui s’occupent de leur ponette : comme nous cherchons où loger, elles courent demander à l’oncle de Lisa, Daniel A., s’il peut prêter son champ et un enclos pour les ânes.

Et c’est ainsi que nous sommes accueillis comme des rois sur le terrain de cet agriculteur à la retraite, qui parait tout heureux de nous venir en aide. Son neveu et ses petite nièces sont aux petits soins, allant jusqu’à nous approvisionner en lait pour le matin.

 Mardi 14 avril / Saillac – Saint Denis les Martel (12 km)

Pour notre 3ème démontage de camp, nous commençons à mieux trouver nos marques…et les horaires de départ s’en améliorent d’autant !

Tout le monde commence à trouver son rythme et l’allure s’en ressent d’autant dans la matinée. Après une bonne descente vers les Quatre Routes, nous prenons nos quartiers dans un jardin public situé en face de la mairie. Les ânes en liberté et notre famille étalée sur une bâche pour pique-niquer ne semblent étonner personne…pas même le maire, qui vient  lui-même nous proposer de rester dormir sur la commune et régale les enfants de bonbons. La proximité d’un commerce nous permet d’offrir un extra frites+ glaces qui fait la joie des petits..et des grands !

L’après-midi sera plus compliquée : ayant ignoré le GR sur des conseils reçus, nous privilégions une départementale jusqu’à St Denis les martel : chaleur et soleil plombant, circulation peu respectueuse du convoi que nous formons et des ânes en ralentissement constant….Ces 6 km en plus de 3 heures nous auront beaucoup coûtés. Nous réaliserons plus tard que Toto a été brulé à l’épaule droite par une sacoche probablement mal ajustée : cela explique certainement la réticence à marcher…

En fin de journée, nous arrivons devant la mairie de St Denis sans imaginer où nous allons pouvoir nous poser dans cette petite ville coincée entre une paroi rocheuse et la voie ferrée. Une jeune femme prénommée Mainell qui fait prendre l’air à sa fille devant le pas de sa porte s’émerveille des ânes : comme nous lui disons alors notre souci de leur trouver une aire de repos, elle nous propose son petit jardin…puis son salon pour que l’on y passe la nuit ! Très belle rencontre avec elle, François son compagnon passionné d’escalade, et leur petite Eve, pas perturbée par notre invasion. Nous sommes tous ravis de nous sentir ainsi accueillis, simplement et largement – première nuit au chaud, et les enfants auront même droit à une soirée dvd !

Mercredi 15 avril / Saint Denis les Martel – Mas du vieux chêne [Montvalent] (12 km)

Le lendemain matin, nous re-prenons la route le long d’une départementale en flanc de falaise – direction Gluges ou nous devons passer la Dordogne. Nous traversons un magnifique village, dont les glycines violacées ont colonisé la paroi. La route en lacets est agréable, avec un surplomb unique sur le fleuve et une vue magnifique sur la vallée : Ménélas et Toto marchent mieux car nous avons re-équilibré leurs charges et veillé à ce que les sacoches ne frottent pas la plaie (très légère heureusement) de Toto.

Après un pique-nique juste avant le pont, durant lequel Ménélas cherche à faire l’école buissonnière (il se laissera néanmoins heureusement rattraper par les enfants) – nous repartons le long du GR. Passage de pont, de voies ferrées ou de plaques en fonte, sont des exercices durant lesquels nous pouvons tester la complémentarité de nos ânes : quand l’un stresse l’autre le rassure et vice-versa !

A l’occasion d’une erreur d’orientation, nous croisons Eric, un agriculteur qui nous conseille d’aller camper à la guinguette du vieux Chêne – en appelant son propriétaire pour le prévenir de notre arrivée. Jean-Michel D, nous y fera très bon accueil, et c’est dans ce paradis terrestre que nous passons notre 2ème nuit « en dur » après une bonne baignade-douche dans la Dordogne attenante.

Jeudi 16 avril / Montvalent – Rocamadour (14 km)

Après une nuit bien fraiche (le givre recouvrait la prairie au petit matin), nous levons le camp avec entrain et rejoignons Montvalent et ses ruelles médiévales charmantes. Le GR proposé pour ce chemin de Compostelle, se révèle de plus en plus agréable, nous faisant emprunter des chemins ou des petites routes secondaires encadrées par de joli murets de pierre sèches : déjà nous arrivons sur le causse, et la végétation se fait moins luxuriante.

 

Nous prenons une pause déjeuner dans un parc à mouton, puis reprenons la marche et arrivons en milieu d’après-midi à l’Hospitalet – bourgade qui surplombe le village de Rocamadour. L’office du tourisme que nous contactons nous oriente sur l’hospitalité Notre Dame, situé à coté des remparts, où l’on nous propose un dortoir « St Amadour » : difficile à refuser !

Nos ânes trouvent une place en longe d’attache dans le jardin attenant. Après une rapide collation dans un restaurant (la fête !) nous avons la joie de participer à l’office du Jeudi Saint, célébré dans la basilique Saint Sauveur…bien encadrée par les chapelles St Blaise et St Michel.

Vendredi 17 avril / Le grand retour

Après une bonne nuit au chaud et dans des lits (summum du luxe), Ferdinand et moi partons en autostop, train et autostop à la recherche de nos véhicules laissés à Aubazine. Moins d’1h30 après notre départ de Rocamadour, nous arrivons déjà sur Aubazine dans la voiture de Gilles, retraitant dans la région qui avait prévu de venir chanter quelques heures dans l’abbatiale…et qui se laisse généreusement déplacer pour accompagner notre épopée de fourgonnettes jusqu’à Rocamadour – soit 4 h aller retour…

Joie d’une belle rencontre en point d’orgue de notre périple !

 (voir aussi la video de notre entraînement en cliquant : ici)

 

 

Sur les pas de Dieu…

IMG_4884« Le Christ n’a pas d’autre corps sur terre que le vôtre, ni d’autres mains que les vôtres, ni d’autres pieds que les vôtres. C’est par vos yeux que s’exprime la compassion du Christ pour le monde ; par vos pieds qu’il s’en va faire le bien ; par vos mains qu’il va bénir aujourd’hui l’humanité.»

Thérèse d’Avila (1515-1582)

(via Céline B., merci à elle!)