Une pause de 4 jours à Assise, à quelques pas de la Porzioncola (Basilique Ste Marie des Anges), n’aura pas été de trop pour prendre du repos et relire le chemin parcouru ces dernières semaines…
Les enfants nous ont encore largement épatés : les journées se sont pourtant faites plus longues (et donc les réveils plus tôt), et si la difficulté du terrain a cédé la place à des sterrata (routes de terres), les distances se sont elles aussi allongées. Malgré quelques coups de fatigues ici où là, ils ont vaillamment parcouru ces étapes et dans une ambiance familiale globalement sympathique : les caractères s’affirment, le compagnonnage s’approfondit entre eux et avec nous, de même que leur sociabilité (y compris en italien – surtout quand il s’agit d’aller chercher des glaces) et tout cela pour notre plus grand bonheur. Il faut aussi dire que tous ceux qui ont partagé notre chemin (que chacun d’entre eux en soit d’ailleurs encore remercié !) ont largement participé à ce bon état d’esprit en permettant à notre tribu de se décentrer.
Nous avons donc traversé une grande partie des Alpes Apuanes en compagnie de Jean-Baptiste, ne délaissant le chemin d’Assise qu’à partir de Vagli Sotto pour un détour routier par Castelnuovo di Garfagnano puis Borgo a Mozzano, au cours duquel nous avons pu retrouver Thomas & Friederike pour 2 jours (voir ici leur récit). Nous somme ensuite descendus vers la plaine de Lucca et avons parcouru les merveilleuses collines toscanes, alternant vignes, olivier et allées de cyprès : en rejoignant la via francigena à San Miniato (où Alexandre nous a rejoint), nous avons aussi découvert quelques autres pèlerins, alors que nous cheminions jusqu’alors à peu près seuls. En progressant vers l’Ombrie, nous avons pu sentir une augmentation sensible des températures, à peine rafraichies par quelques orages et averses. Et cela de pair avec une augmentation des étapes kilométriques, souvent liées à l’absence ou de grandes difficultés à trouver un hébergement – notamment en raison de nos ânes, qui font pourtant l’objet d’une admiration permanente. La fatigue aidant, il nous a été parfois bien difficile (et même, disons le clairement, encore impossible) d’aimer vraiment ceux qui nous rejettent et d’être heureux à la façon de St François (voir ici le fioretti sur la joie parfaite) comme à San Gimignano ou à Pienza, où nous avons rencontré de désagréables mais bien anecdotiques réactions hostiles. Néanmoins, dans ces moments de doute, il s’est toujours trouvé une lumière pour nous éclairer et nous rassurer – et même à la dernière minute, comme à Lucignano d’Asso où Mustapha et Ghyslaine, un couple de français en vacances, nous a offert une chambre et une douche alors que nous nous apprêtions à dormir dans un garage poussiéreux. Deo Gratias !
Avec persévérance, nous avons chaque jour repris la route (peu de pauses au compteur ces 3 dernières semaines – faute d’endroit propice) et ce sans savoir nécessairement où nous arrêter le soir, avec la confiance que « quelque chose de bon va arriver » comme le dit souvent Léopold avec conviction. A Monticchiello, ce furent Monica et son papa, qui ont agité le quartier jusqu’à ce que des portes finissent par s’ouvrir – facilitant notre accueil par Pier Luigi et Mihaela. De même, à proximité de Sienne, nous avons sonné pourtant tardivement à la porte de la magnifique maison de Sally et sa famille…et avons eu la joie de voir sa porte et son cœur s’ouvrir largement. En arrivant à la pause de midi à Montepulciano, devant le sanctuaire St Blaise, un couple nous a donné la possibilité de dormir dans des garages à notre étape du soir à Montallese – nous permettant même d’y loger nos amis Tomek et Marie-Pushpa venus marcher une journée. En arrivant sur Assise, alors que de nombreux lieux d’accueil avaient refusé notre demande préalable d’hébergement, Fr Cristiano (dont Céline a déjà mentionné l’importance pour nous dans son récit récent) nous a trouvé un lieu parfait chez les Soeurs Missionnaires du Sacré Coeur (accueillis par Sr Elleadora, Sr Maria Fermina et Sr Vittoria), à proximité de la Porzioncola dont nous avons pu sentir depuis la grâce spéciale qui en émane, à l’instar des milliers d’autres pèlerins qui viennent se recueillir ici pour demander et recevoir une profonde réconciliation avec et en Dieu.
Le lendemain de notre arrivée à Assise, Olivier nous a fait la joie de venir nous retrouver en parcourant près de 900 km d’une traite en voiture (ça va plus vite qu’en âne mais c’est long quand même). Au programme notamment, visite du couvent et Basilique St François (et notamment de la tombe, émouvante par son dénuement – et devant laquelle nous avons prié pour les intentions qui nous ont été confiées), des lieux où il est né, a été emprisonné par son père (Chiesa Nueva) et a travaillé; visite de la basilique Ste Claire et notamment de la croix de St Damiano (celle qui a parlé à St François pour lui demander de rebâtir son Église); visite de St Damiano, première église reconstruite par François et lieu ensuite confié à Ste Claire, qui est resté d’une beauté simple et épurée; visite de la Porzioncule bien sûr, où l’on a pu participer à la messe et recevoir le sacrement de réconciliation – mais aussi voir l’endroit où St François s’est jeté dans les ronces pour résister à la tentation du renoncement à son engagement (le Rosetto, où des roses sans épines fleurissent désormais) et où il est mort en portant les stigmates, c’est à dire les plaies du Christ. Nous avons été aussi passer une bonne demi-journée sur les hauteurs d’Assise, à l’ermitage des Carcieri, où St François et ses compagnons vivaient et priaient dans une grande simplicité, abrité seulement dans des grottes – ce qui les invitaient aussi à une grande communion avec la nature et à la contemplation. Bon et puis comme il fait très chaud ici, nous avons aussi raisonnablement alterné ces visites avec des séances piscine qui font la joie rafraichissante des petits et des grands !
Pendant ce temps, Toto et Menelas – qui sont arrivés à Assise en tirant la langue comme nous – se sont également refaits une santé dans le jardin des sœurs (sans manger trop de rosiers on espère), gavés de suppléments pour l’occasion. Tels des stars de la crèche, ils reçoivent également de nombreuses visites de gens du quartier.
Nous nous préparons à reprendre la route vers Rome ce lundi matin, en nous allégeant encore du superflu (dont les sacs de couchage), pour marcher à la grâce de Dieu et pour sa plus grande gloire !
Enfin, pour ceux qui aiment les images, la sélection photo des dernières semaines peut être consultée ici (le temps de chargement peut être long).